Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/37

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de quinze ans s’enferme dans sa chambre et se noircit les yeux avec une épingle enfumée, ou s’exerce à lever le pied devant une glace à la hauteur de son front, ne croyez pas que ces innocentes s’appliquent à dérober les secrets de l’autre monde pour conquérir plus sûrement leurs maris. Elles s’amusent, voilà tout ; elles font, pour tuer le temps, les sottises les plus originales dont on ait parlé devant elles. Elles continueront plus tard, avec plus de discernement, j’en conviens, ce système de récréations bizarres qui remplit bien ou mal ces pauvres petits cœurs vides, ces pauvres petits cerveaux creux.

Tandis que le laisser-aller des familles permet aux jeunes filles d’apprendre abondamment tout ce qu’elles devraient ignorer, on leur enseigne de moins en moins ce qu’elles devraient savoir.

Il faut rayer de la grammaire ce vieux dicton : telle mère, telle fille. Plus nous allons, moins les filles de la génération qui fleurit sont semblables à leurs mères.

Entrez dans une famille riche où trois générations féminines sont en présence : voici ce que vous verrez, j’en réponds.

La grand’mère, neuf fois sur dix, est une petite bonne femme exquise. Née à la fin de l’Empire ou dans les premiers jours de la Restauration, elle a gardé le goût des toilettes simples, l’amour des cho-