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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/38

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ses de l’esprit, le culte (comme on disait) des beaux arts. Sa mémoire est meublée de poésies un peu vieillottes ; elle a des cartons pleins de Romulus à l’estompe, de Niobides aux deux crayons, de fleurs qu’elle a dessinées elle-même d’après Redouté. Elle a tâté de l’aquarelle et essayé la peinture orientale ; une harpe ne fait pas peur à ses petits doigts maigrelets. Son écriture est de forme surannée, mais, sur le chapitre de l’orthographe, elle en remontrerait à MM. Noël et Chapsal. Dans la conversation, elle abonde peut-être en banalités et laisse échapper trop d’anecdotes, mais elle sait beaucoup, elle ne manque pas d’esprit, elle a trouvé le temps de penser à l’avance les idées qui sortent de sa bouche ; elle ne sera peut-être pas ce qui s’appelle amusante, mais je serais bien étonné qu’un homme intelligent s’ennuyât en sa compagnie. Son esprit est comme ces bons petits paysages de 1818, que les amateurs d’aujourd’hui relèguent au grenier, parce qu’ils sont exécutés dans le style bonhomme, mais où les curieux s’amusent un bon quart d’heure, parce que l’artiste y a fourré mille petits détails qu’on retrouve avec intérêt.

La fille, élevée sous Louis-Philippe, est un personnage moins futile et pourtant moins agréable. Elle a reçu ce qu’on appelait, vers 1835, une éducation sérieuse ; peut-être même a-t-elle passé un examen d’institutrice à l’hôtel de ville. La chose