Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/71

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même genre. On a divisé le travail. Le domaine de la science s’est tellement étendu en tous sens, qu’un homme doué de facultés moyennes ne peut plus le connaître dans son ensemble et ses détails. Quelques savants se sont cantonnés dans des spécialités où ils excellent. Quelques autres ont grimpé au sommet d’une montagne, pour voir les choses de plus haut. Ils ne descendent plus sur le terrain de la pratique, mais on peut venir à eux et leur demander un conseil. Le médecin pour tout faire n’est pas mort, mais il a changé de rôle. Il est l’ami, le conseiller, le guide de sa clientèle ; il la mène aux hommes spéciaux qui guérissent tel ou tel mal.

Le type du médecin pour tout faire est cet excellent homme qui va tous les jours en visite chez le richissime baron de R… Ami de la maison, reçu à bras ouverts, il passe la famille en revue, et si l’un des enfants a le pouls un peu vif ou la langue chargée, il lui dit : Tu es malade ; fais appeler tel ou tel médecin.

Voilà un homme qui a de l’instruction et de la pratique, qui en sait assurément plus long que les arrogants petits purgons d’autrefois, si fiers de leur talent, si jaloux de leur autorité despotique, si ardents à repousser un intrus qui touchait à leur clientèle ! Il laisse à d’autres le profit et l’honneur de guérir ses malades ; il s’enferme humblement