Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/86

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s’il est signé d’un sénateur. Les comédies paraissent plus comiques, les romans de la Revue des Deux-Mondes paraissent plus touchants, si l’auteur qui les signe est un académicien. L’Académie n’est pas l’État, direz-vous ? C’est bien mieux ! c’est un État dans l’État !

Dans cet admirable pays où l’on n’est guère par soi-même, mais où l’homme est jugé sur l’emploi, un médecin qui veut se mettre en vue, devenir quelque chose et vendre la santé au plus haut prix, n’a qu’une voie ouverte devant lui : l’enseignement. On enseigne à la Faculté ; on enseigne dans les hôpitaux.

Non-seulement le Français n’a pas le temps de peser les mérites de chacun, mais il n’en a même pas l’idée. À ses yeux, le corps médical se divise en docteurs simples, excellents pour les engelures et le coryza, en docteurs décorés qui valent de cinq à dix francs par visite, et en illustres professeurs contrôlés et garantis par la plus haute confiance du gouvernement.

Ici, cher maître et cher beau-père, il n’y a point de patriotisme qui tienne. Je tire mon chapeau, n’ayant pas de bonnet, et je m’incline avec respect devant la grande École de Paris. Nous la dépasserons sans doute un jour, car l’Amérique est la tête du monde ; mais, jusqu’à nouvel ordre, ces messieurs sont plus forts que nous. Non-seulement