Page:About - Causeries, première série.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
CAUSERIES.

flatté. Je crois aussi qu’il aurait spontanément mis hors de concours les pâtés de couleurs et les bousillages de crayon qui pouvaient nuire à sa gloire. Alexandre Dumas disait à ce propos : « Mon testament est rédigé en une seule ligne : Je ne laisse pas d’œuvres inédites. » Il a raison. Mais il oublie que le travail des grands hommes doit profiter surtout à leurs héritiers.

Les vrais chefs-d’œuvre de Delacroix, la Médéc, la Noce juive, l’Évêque de Liège, le Plafond d’Apollon, les Massacres de Scio, lui ont-ils rapporté moitié du capital que cette vente insensée va donner à d’autres ? Non. Balzac a gagné plus d’argent en trois années, après sa mort, qu’il n’en avait vu dans toute sa vie.

Nous connaîtrons dans quelques mois l’opinion de la postérité immédiate sur les dernières œuvres de Flandrin.

Un de mes bons amis écrivait, il y a sept ans : « M. Hippolyte Flandrin est le plus excellent de tous les élèves de M. Ingres, le continuateur de sa tradition, l’héritier présomptif de sa royauté. M. Delacroix mourra comme Alexandre : on taillera quelques douzaines de gilets dans son manteau de pourpre. L’héritage de M. Ingres restera indivis entre les mains de M. Flandrin. » Hélas ! l’héritier présomptif de la perfection de M. Ingres, celui qu’on appelait Flandrin sans erreur, a devancé dans la tombe (et de longtemps j’espère) son glorieux et