Page:About - Gaetana, 1862.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
GAËTANA.

« injuste envers vous ! (Avec force.) Aujourd’hui même… lorsque les portes de la prison se sont ouvertes devant moi, je me suis élancé vers vous avec toute l’impétuosité de la haine et de la vengeance !… Je croyais… je voulais… ! Mais je sais maintenant… j’ai entendu… je suis désarmé… et brisé… J’ai vécu toute une vie en moins d’une heure… Pauvre enfant ! elle allait pourtant mourir, si je ne m’étais pas trouvé là !

« GAËTANA.

« Je vivrai maintenant pour vous faire oublier tout ce que vous avez souffert.

« LE BARON.

« Ah ! l’oubli n’est pas loin, ma pauvre fille ! Mais avant de m’en aller au pays où l’on oublie, je veux que vous me pardonniez mes injustices et le mal que je vous ai fait.

« GAËTANA.

« Mon malheur est mon ouvrage. Si j’avais su fermer mon cœur à tous les sentiments qui m’étaient défendus… »

LE BARON.

C’est moi qui n’ai pas su me faire aimer. Je vous aimais pourtant !… trop peut-être ! Je ne m’étais pas laissé le temps d’être jeune ! Je m’étais dit : Soyons riches d’abord ; nous verrons ensuite à jouir de la vie ; et, quand je suis arrivé au terme que j’avais fixé moi-même, il était trop tard, j’étais vieux !… Je me suis révolté contre la vieillesse… j’ai lutté… j’ai fait des malheureux !… Dites-moi que vous me pardonnez. Gaëtana !

GAËTANA.

Mon ami !… que Dieu me pardonne un jour comme je vous pardonne !

LE BARON.

Merci !… (Capricana entre suivi de Cardillo, de Léonora et des autres domestiques.)