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Page:About - Gaetana, 1862.djvu/18

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AUX HONNÊTES GENS

Je comprends la discussion, la lutte, la revanche et même la vengeance, pourvu qu’elle soit loyale. Les hommes que j’ai attaqués dans les journaux avaient des journaux pour se défendre. Ils en ont usé librement. J’ai riposté du mieux que j’ai pu, lorsque la chose en valait la peine ; mais j’aurais cru manquer lâchement à toutes les lois de la guerre si j’avais enrôlé une bande de furieux pour dévaliser M. Veuillot, brûler l’Univers en place publique, ou demander la tête de M. Keller sous les fenêtres de sa maison.

Les armes dont on s’est servi contre moi sont si peu courtoises, que la légende de Gaëtana paraîtra sans doute un conte invraisemblable aux habitants de Bordeaux, de Marseille ou de Strasbourg. Dans Paris même, un grand nombre de citoyens honnêtes refuseraient de croire à cette monstruosité, si elle n’était attestée par les témoignages les plus incontestables.

J’avais écrit un drame, bon ou mauvais, cela importe peu ; d’ailleurs, vous allez le lire. Vingt-cinq ou trente individus ont déclaré, au nom de la jeunesse de France, que la pièce ne serait pas jouée. Ils sont allés en ambassade chez le directeur de l’Odéon ; ils lui ont dit : « Nous ne voulons que du bien à votre théâtre, nous aimons et estimons vos artistes, nous n’avons rien contre la pièce, mais nous ne permettons pas que M. About fasse jouer une pièce à Paris ! »