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DE TOUTES LES OPINIONS.

le ministère Falloux et le ministère Persigny, tous les ministères, tous les ministres, tous les préfets, tous les sous-préfets, tous les maires et Plassiart lui-même, jusqu’au jour où Plassiart est condamné en police correctionnelle ! Si tu oublies un seul de ces devoirs, tu seras un homme peu sûr, un brouillon dangereux, sur qui personne ne peut compter, et qui ne doit compter sur personne. Es-tu contre l’empereur ? Tu appartiens à l’opposition, et tu dois marcher avec elle, quoi qu’elle fasse. Il faut qu’en toute circonstance tu condamnes le gouvernement sans l’entendre. S’il accorde une amnistie à tes plus chers amis, tu flétriras l’amnistie. S’il prend les armes pour l’Italie que tu adores, tu prendras les armes contre lui. S’il discute le pouvoir temporel que tu déplores, tu défendras le pouvoir temporel. S’il relève au dehors la gloire du drapeau français, tu feras cause commune avec les ennemis de la France. Sinon, tu n’es qu’un faux opposant, un ennemi de la liberté, un déserteur, un apostat, un traître !

Cette morale des partis n’est pas la mienne. Je ne l’adopterai jamais, quoi qu’il puisse m’en coûter ; j’aime mieux être sa victime que son complice. Depuis que j’ai appris à tenir une plume, j’ai écrit honnêtement, bêtement si l’on veut, ce qui me semblait juste et vrai. Je me suis donc fait des ennemis dans tous les partis. Comme j’ai le style franc et la dent un peu dure, j’ai soulevé des haines d’autant plus implacables ; mais je ne croyais pas qu’en 1862, dans un pays civilisé, chez un peuple poli, la haine pût se porter à de telles extrémités.