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DE TOUTES LES OPINIONS.

veille, avec plus de tristesse que de colère : « Jeunesse ! que de sottises on commet en ton nom ! »

Je n’accuse pas la jeunesse de France, ni même les étudiants des écoles de Paris. Si quelques-uns d’entre eux se sont laissé enrôler dans cette foule hurlante, c’est par légèreté, par amour du bruit, par une certaine démangeaison de se mouvoir et de se montrer. Le tapage a ses enivrements, qui troublent quelquefois les cervelles les plus saines. Un jeune homme qui n’a rien lu, qui sort du collège (et l’on en sort à seize ans aujourd’hui), peut se tromper sans crime. Les illustres maîtres de notre esprit, ceux qui nous enseignaient si éloquemment la distinction du juste et de l’injuste, les Michelet, les Quinet, les Jules Simon ne professent plus au quartier latin. J’entends dire que, loin des cours publics, dans certaines petites conférences intimes, d’autres voix moins fières, mais plus insinuantes, prêchent en faveur du passé que nous combattons. Elles ont pu recruter quelques soldats pour cette glorieuse campagne qui s’ouvrit le 3 janvier devant la rampe de l’Odéon, et se terminait le 6, à minuit, devant la loge de mon concierge.

Mais les véritables meneurs sont les faux étudiants, ces relons du quartier latin qui ne font ni leur droit ni leur médecine, bohèmes de profession, gens de lettres en espérance, braillards d’estaminet et quêteurs de petite popularité. On les écoute parce qu’ils crient, on les admire parce qu’ils se vantent,