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AUX HONNÊTES GENS

content de celui-là. Si les cabales étaient plus intelligentes, on aurait attendu, pour siffler, la fin du cinquième acte.

Quelques critiques vous ont assuré que j’avais découpé avec des ciseaux une nouvelle de Charles de Bernard intitulée l’Innocence d’un forçat. On dit même que j’ai dépaysé l’action, comme les voleurs démarquent le linge. Vous jugerez cette question à loisir. L’Innocence d’un forçat fait, partie d’un charmant volume de nouvelles intitulé l’Écueil.

La couleur italienne que j’ai cherché à donner à mon style n’est pas un déguisement. Je me suis appliqué à penser en italien, et cela ne m’a pas été difficile, car je suis un peu Italien par le cœur. Birbone n’est ni un Français costumé en lazzarone, ni un personnage des vieilles comédies, rajeuni pour les besoins de la pièce. C’est l’enfant du pavé de Naples, tel qu’il naissait et grandissait à l’ombre des Bourbons. Il est crédule, effronté, cynique, courageux à ses heures, capable de tous les crimes et de quelques belles actions. Car les races fortes et généreuses conservent toujours un peu de bon dans le fond de l’âme, quelle que soit l’éducation qu’on leur donne. M. del Grido n’est ni un Othello ni un Arnolphe ; c’est un vieux marchand riche, amoureux, jaloux, irascible, doucereux, tantôt vulgaire jusqu’à la grossièreté, tantôt ampoulé jusqu’au lyrisme. J’ai cherché à rendre partout dans mon style ce mélange de poésie et de trivialité qui donne une couleur particulière à la vie et au langage des Italiens. Gaëtana est une