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GAËTANA.

LE BARON.

Vous aviez donc commencé par vous plaindre de moi ?

GAËTANA.

Fi ! le vilain mari que vous êtes ! pouvez-vous supposer qu’une plainte ou seulement un regret se soit échappé de mon cœur !

LE BARON.

Alors, vous les enfermez, de peur qu’ils ne s’échappent ?

GAËTANA.

Qu’avez-vous donc ? vous étiez charmant tout à l’heure, et voilà que vous fauchez toutes les fleurs de mon jardin ! Tant pis pour vous, monsieur. J’avais encore tout plein de bonnes choses à vous dire, et maintenant je ne m’en souviens plus.

LE BARON.

Pardonnez-moi. Les sots propos de cet original m’avaient laissé sous une impression détestable. Maintenant, je suis tout à vous, bien à vous.

GAËTANA.

Pris au mot ! Puisque vous êtes à moi, je vous emporte. (Elle le fait asseoir.) C’est encore une chose arrangée avec le docteur. Décidément, il y a trop de monde ici. Si nous recevons, vous serez jaloux ; si nous fermons notre porte, on jasera. (Elle s’assied.) Allons-nous-en bien loin, bien loin ! N’avez-vous pas une propriété dans le pays de Léonora ? C’est là que je veux m’enfermer avec vous jusqu’à la fin de l’automne. Lorsque l’hiver nous chassera vers Naples, nous serons un vieux ménage : vous ne douterez plus de moi, et je n’aurai plus peur de vous.

LE BARON.

Je vous fais donc peur, Gaëtana ?

GAËTANA.

Dame ! un peu. Vous prenez quelquefois des airs si farouches !

LE BARON.

C’est que je vous aime !

GAËTANA.

Quoi ! la mauvaise humeur est une preuve d’amitié ?