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ACTE DEUXIÈME.

LE COMTE, ramasse le gant et le rapporte sur le bureau.

Je ne le relève pas, monsieur, je le ramasse. Vos injustices et vos violences sont excusables ; je serais sans excuse, moi, si j’allais me mesurer avec un vieillard.

LE BARON.

Vieillard ! Un homme de cœur est toujours jeune, et il n’y a de vieux que les lâches !

LE COMTE.

Monsieur, je me suis battu quelquefois, et je pars aujourd’hui pour l’armée.

LE BARON.

Non ! vous dis-je, vous ne partirez pas ! Vous m’appartenez ! Il faut que je vous insulte publiquement, que je vous force… Je sais tout ; ma femme m’a tout avoué : vous voyez bien que vous ne pouvez plus partir !

LE COMTE.

Si elle vous a tout avoué, vous devez avoir beaucoup de respect pour elle et un peu d’estime pour moi !

LE BARON.

De l’estime pour ce gentilhomme qui m’a bassement serré la main ! Du respect pour cette vertu qui s’abandonne dans mes jardins aux caresses d’un damoiseau !

LE COMTE, furieux.

Arrêtez ! c’en est trop !…

LE BARON.

Il vous est donc venu du sang dans les veines ?

LE COMTE.

Quand vos injures ne tombaient que sur moi, je vous ai laissé dire, mais je ne souffrirai point qu’on insulte Gaëtana !

LE BARON.

Vous osez défendre ma femme contre moi !…