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Page:About - Germaine.djvu/100

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avaient vu rentrer Germaine, et ils avaient deviné sans peine de quel mal elle mourait. Le peintre professait une philosophie gaie, comme tout homme qui digère bien. « Moi, monsieur, disait-il à son voisin, si jamais je suis pris de la poitrine, ce qui n’est pas probable, je ne me dérangerai pas d’une semelle. On guérit partout, on meurt partout. L’air de Paris est peut-être celui qui convient le mieux aux poitrinaires. On parle du Nil : c’est les aubergistes du Caire qui font courir ce bruit-là. Sans doute la vapeur du fleuve est bonne à quelque chose ; mais le sable du désert, on ne le compte donc pas ? Il vous entre dans les poumons, il s’y loge, il s’y amasse, et bonsoir !… Vous me direz : mourir pour mourir, on a bien le droit de choisir la place. C’est une idée que je comprends. Avez-vous voyagé dans la régence de Tunis ?

— Oui.

— Vous n’avez vu couper le cou à personne ?

— Non.

— Eh bien, vous avez perdu. Voilà des gens qui tiennent à choisir leur place ! Lorsqu’un Tunisien est condamné à mort, on lui donne jusqu’au coucher du soleil pour choisir l’endroit où il lui plaît d’avoir la tête coupée. De grand matin, deux bourreaux le prennent bras dessus, bras dessous, et l’emmènent dans la campagne. Chaque fois qu’ils arrivent à quelque joli coin de paysage, une fon-