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Page:About - Germaine.djvu/132

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sans le savoir, le seul homme de Paris capable d’intéresser sérieusement l’esprit des femmes. J’ai toujours regretté que vous n’eussiez pas une fortune incalculable comme celle de don Diego : vous auriez été plus grand que Sardanapale. Faute de mieux, je vous ai fait donner un million : on fait ce qu’on peut. Mais je m’y suis mal prise, et l’événement n’a pas répondu à mes espérances. Vous avez dans votre tiroir un chiffon de papier qui ne vous sert à rien. Vous toucherez 25 000 francs au 22 juin ; d’ici là vous allez végéter. Vous ferez des dettes, et votre revenu n’enrichira que des créanciers. Donnez-moi votre inscription de rentes ; je la ferai vendre par mon agent de change. Je prendrai le capital pour moi ; soyez tranquille ; vous ne le reverrez jamais. En revanche, il faut absolument que vous acceptiez le revenu. Ce n’est pas cinquante mille francs de rente que vous aurez ; c’est quatre-vingt ou cent mille, peut-être davantage. Je connais la Bourse à fond, quoique les femmes n’y entrent pas : je sais qu’on y gagne tout ce qu’on veut avec quelques millions d’argent comptant. Les placements sur l’État sont une admirable invention pour les bourgeois qui veulent vivre modestement et sans souci. Pour les gens de notre sorte, qui ne craignent ni le danger ni le travail, vive la spéculation ! C’est le jeu sur une grande échelle, et vous êtes joueur, n’est-il pas vrai ?