Page:About - Germaine.djvu/143

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Villanera, de père en fils, se portent comme des arbres. Mais depuis que vous m’avez confié le pauvre corps de cette belle âme, depuis que je fais le guet autour de notre enfant pour défendre à la mort d’approcher ; depuis que j’ai appris à souffrir, à respirer, à suffoquer avec elle, je sens mon cœur. Je n’étais mère qu’à moitié, tant que je n’avais pas éprouvé le contre-coup des douleurs d’autrui. Je vaux mieux, je suis meilleure, je monte en grade. C’est par la douleur que nous nous rapprochons de la mère de Dieu, ce modèle de toutes les mères. Ave Maria, mater dolorosa !

Ne crains rien, ma pauvre duchesse ; elle vivra. Dieu ne m’aurait pas donné ce profond amour pour elle, s’il avait résolu de l’arracher de ce monde. Celui qui gouverne les cœurs mesure la violence de nos sentiments à la durée de ce que nous aimons, et j’aime notre fille comme si elle devait être éternellement à nous. La Providence se joue de l’ambition, de l’avarice et de toutes les passions humaines ; mais elle respecte les affections légitimes ; elle y regarde à deux fois avant de séparer ceux qui s’aiment pieusement dans le sein de la famille. Pourquoi m’aurait-elle attachée si étroitement à notre Germaine, si elle avait eu le dessein de la tuer dans mes bras ? Ce serait un jeu cruel et indigne de la bonté de Dieu. D’ailleurs, l’intérêt de notre race est lié à la vie de cette enfant. Si