Page:About - Germaine.djvu/144

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nous avions le malheur de la perdre, don Diego se mésallierait un jour ou l’autre. Saint Jacques, à qui nous avons bâti deux églises, ne permettra jamais qu’un nom comme le nôtre soit porté en ferronnière par Mme Chermidy.

Je n’espère rien du docteur Le Bris : les savants ne s’entendent pas à guérir les malades. Le véritable médecin, c’est Dieu dans le ciel et l’amour sur la terre. Les consultations, les remèdes, et tout ce qu’on achète à prix d’argent n’augmentent pas la somme de nos jours. Voici ce que nous avons imaginé pour obtenir qu’elle vive. Tous les matins, mon fils, mon petit-fils et moi, nous prions Dieu de prendre sur notre vie pour ajouter à celle de Germaine. L’enfant joint ses mains avec nous ; c’est moi qui prononce la prière, et le ciel sera bien sourd s’il ne nous entend pas.

Don Diego aime sa femme : je vous l’avais bien dit. Il l’aime d’un amour pur, dégagé de toutes les grossièretés terrestres. S’il l’aimait autrement, dans l’état où elle est, il me ferait horreur. Il a pour elle cette adoration religieuse qu’un bon chrétien voue à la sainte de son église, à la Vierge de sa chapelle, à l’image chaste et voilée qui rayonne au fond du sanctuaire. Nous sommes ainsi faits, nous autres Espagnols. Nous savons aimer simplement, héroïquement, sans aucun espoir mondain, sans autre récompense que le plaisir de tomber à ge-