Page:About - Germaine.djvu/16

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deur, semblait défigurée par la petite vérole. Un vieux crêpe de Chine, noirci par les soins du teinturier et roussi par les intempéries de l’air, laissait tomber tristement ses trois pointes, dont la frange effleurait la neige du trottoir. La robe qui se cachait là-dessous était si fatiguée que le tissu était méconnaissable. Il eût fallu l’examiner de bien près et à la loupe pour reconnaître une moire ancienne démoirée, limée, coupée dans les plis, effrangée par en bas, et dévorée par la boue corrosive du pavé de Paris. Les souliers qui supportaient ce lamentable édifice n’avaient plus ni forme ni couleur. Le linge ne se montrait nulle part, ni au col, ni aux manches. Quelquefois, au passage d’un ruisseau, la robe se relevait à droite et laissait voir un bas de laine grise, un simple jupon de futaine noire. Les mains de la duchesse, rougies par un froid piquant, se cachaient sous son châle. Elle traînait les pieds en marchant, non par une habitude de nonchalance, mais dans la peur de perdre ses souliers.

Par un contraste que vous avez pu observer quelquefois, la duchesse n’était ni maigre, ni pâle, ni enlaidie en aucune façon par la misère. Elle avait reçu de ses ancêtres une de ces beautés rebelles qui résistent à tout, même à la faim. On a vu des prisonniers qui engraissaient dans leur cachot jusqu’à l’heure de la mort. À l’âge de quarante-sept