L’été de 1853 fut pour Germaine un de ces moments de répit qui viennent si à propos à la faiblesse humaine. Elle le mit à profit ; elle se retrempa dans le bonheur, et elle prit un peu de force pour les épreuves qu’elle avait encore à traverser.
Le climat des îles Ioniennes est d’une douceur et d’une égalité sans seconde. L’hiver n’y est pas autre chose que la transition de l’automne au printemps ; les étés y sont d’une sérénité fatigante. De temps en temps un nuage voyageur passe en courant au-dessus des sept îles, mais il ne s’y arrête point. On y demeure jusqu’à trois mois dans l’attente d’une goutte d’eau. Dans ce paradis aride, les indigènes ne disent pas : Ennuyeux comme la pluie ; mais : Ennuyeux comme le beau temps.
Le beau temps n’ennuyait pas Germaine ; il la guérissait lentement. M. Le Bris assistait à ce miracle du ciel bleu ; il regardait agir la nature, et suivait avec un intérêt passionné l’action lente d’un pouvoir supérieur au sien. Il était trop modeste pour s’attribuer l’honneur de la cure, et il confessait de bonne foi que la seule médecine infaillible est celle qui vient d’en haut.
Cependant, pour mériter l’aide du ciel, il s’aidait un peu lui-même. Il avait reçu de Paris l’iodomètre du docteur Chartroule avec une provision de cigarettes iodées. Ces cigarettes, composées