Page:About - Germaine.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bla sa fortune en épousant la belle Marguerite de Bisson, qui possédait à Saint-Brieuc soixante mille livres de rente. Le roi signa son contrat le même jour que les ordonnances, et le duc se trouva marié et destitué tout d’un coup. Le nouveau pouvoir l’aurait accueilli volontiers dans la foule des transfuges ; on dit même que le ministère de Casimir Périer lui fit quelques avances. Il dédaigna tous les emplois, par fierté d’abord, et autant par une invincible paresse. Soit qu’il eût dépensé en trois ans tout ce qu’il avait d’énergie, soit que la vie facile de Paris le retînt par un attrait irrésistible, son seul travail pendant dix ans fut de promener ses chevaux au Bois et de montrer ses gants jaunes au foyer de l’Opéra. Paris était un pays nouveau pour lui, car il avait vécu à la campagne sous la férule inflexible de son père, jusqu’au jour où il partit pour le Sénégal. Il goûta si tard à tous les plaisirs, qu’il n’eut pas le temps de se blaser.

Tout lui parut bon, les jouissances de la table, les satisfactions de la vanité, les émotions du jeu, et même les joies austères de la famille. Il montrait dans sa maison l’empressement d’un jeune mari, et dans le monde la fougue d’un fils de famille émancipé. Sa femme était la plus heureuse de France, mais elle n’était pas la seule dont il fît le bonheur. Il pleura de joie à la naissance de sa fille, vers l’été de 1835. Dans l’excès de son bon-