Page:About - Germaine.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ressemblance entre ce grand d’Espagne et un lion apprivoisé.

Lorsqu’elle se promenait au jardin sous les vieux orangers ou parmi les tamarix de la plage, appuyée sur le bras de la vieille comtesse ou traînant le petit Gomez à la queue de sa robe, le comte la suivait de loin, sans affectation, un livre à la main. Il ne prenait pas les airs penchés d’un amoureux, et il ne confiait point de soupirs à la brise. Vous auriez dit un père indulgent qui veut surveiller ses enfants sans intimider leurs jeux. Son affection pour sa femme se composait de charité chrétienne, de compassion pour la faiblesse, et de cette joie amère qu’un homme de cœur trouve dans l’accomplissement des devoirs difficiles. Peut-être encore y entrait-il un peu d’orgueil légitime. C’est une belle victoire que d’arracher à la mort une proie certaine et de créer à nouveau un être que la maladie avait presque détruit. Les médecins connaissent ce plaisir-là. Ils s’attachent de toute leur amitié à ceux qu’ils ont ramenés de l’autre monde ; ils ont pour eux la tendresse du créateur pour sa créature.

L’habitude, qui rapproche tout, avait accoutumé Germaine à causer avec son mari. Lorsqu’on se voit du matin au soir, il n’y a pas de haine qui tienne : on parle, on répond, cela n’engage à rien ; mais la vie n’est possible qu’à ce prix. Elle l’appelait don Diego ; il l’appelait tout simplement Germaine.