Page:About - Germaine.djvu/181

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Un jour (c’était vers le milieu du mois de juin), elle était étendue au jardin sur des tapis de Smyrne. Mme de Villanera, assise auprès d’elle, égrenait machinalement un gros chapelet de corail, et le petit Gomez ramassait des oranges avortées pour en bourrer ses poches. Le comte passa à dix pas de là, un livre à la main. Germaine se remit sur son séant et l’invita à prendre une chaise. Il obéit sans se faire prier, et remit le livre dans sa poche.

« Que lisiez-vous là ? » demanda-t-elle.

Il répondit en rougissant comme un écolier pris en faute : « Vous allez rire de moi. C’est du grec.

— Du grec ! vous savez lire le grec ! comment un homme comme vous a-t-il pu s’amuser à apprendre le grec ?

— Par le plus grand des hasards. Mon précepteur aurait pu être un âne comme tant d’autres ; il s’est trouvé que c’était un savant.

— Et vous lisez du grec pour votre plaisir ?

— Homère, oui. Je suis au milieu de l’Odyssée. »

Germaine simula un petit bâillement. « J’ai lu cela dans Bitaubé, dit-elle. Il y avait un glaive et un casque sur la couverture.

— Alors, vous seriez bien étonnée si je vous lisais Homère dans Homère ; vous ne le reconnaîtriez plus.

— Bien obligée ! je n’aime pas les histoires de batailles.