Page:About - Germaine.djvu/188

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ne serait pas désavoué par les doges ses ancêtres. C’est un petit homme vif et intelligent, éveillé aux affaires politiques, tiraillé entre le parti grec et l’influence anglaise, mais enclin à l’opposition et toujours prêt à juger sévèrement les actes du lord haut commissaire. Il suit de près les intrigues vieilles et nouvelles qui divisent l’Europe, surveille les progrès du léopard britannique, discute la question d’Orient, s’inquiète de l’influence des jésuites, et préside les francs-maçons de Corfou. Excellent homme, qui dépense plus d’activité qu’un capitaine au long cours pour naviguer autour d’un verre d’eau. Son fils Spiro, un beau jeune homme de trente ans, s’est laissé conquérir aux idées anglaises, comme toute la génération nouvelle. Il fréquente les officiers et se montre dans leurs loges au théâtre. Les Dandolo pourraient vivre grandement, s’ils trouvaient à se défaire de leurs biens ; mais, à Corfou, les habitants sont aussi pauvres que la terre est riche. Chacun est prêt à vendre, personne ne songe à acheter. Le comte et Spiro parlent élégamment les trois langues du pays, l’anglais, le grec et l’italien ; ils savent le français par surcroît, et leur amitié fut précieuse à Germaine. Spiro s’intéressait à la belle malade avec toute la chaleur d’un cœur inoccupé.

Il amenait parfois un digne homme de ses amis, le docteur Delviniotis, professeur de chimie à la