Page:About - Germaine.djvu/192

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d’un gentilhomme campagnard. Il travaillait de ses mains, taillait les arbres, cueillait les oranges, et émondait lui-même la haie de grenadiers dont les fruits rouges crevaient au soleil. Le matin, il courait dans la rosée, le fusil sur l’épaule, pour tuer des grives ou des becfigues ; le soir, il lisait avec sa mère, qui fut son professeur, et la forte nourrice de son esprit. Sans souci de l’avenir, ignorant les choses du monde, et renfermant ses pensées dans l’horizon qui bornait ses regards, il ne soupçonnait pas d’autres plaisirs qu’une belle journée de chasse, une lecture de Lamartine, ou une promenade en mer sur son bateau. Cœur vierge, âme toute neuve et blanche comme ces belles feuilles de papier qui invitent la plume à écrire. Lorsque sa mère le conduisit à la villa Dandolo, il s’aperçut, pour la première fois, qu’il était un petit ignorant ; il rougit de l’oisiveté où il avait vécu, et il regretta de n’avoir pas appris la médecine.

Les visites sont toujours longues à la campagne. On a fait tant de chemin pour se voir, qu’on a de la peine à se quitter. Les Dandolo et les Vitré, le docteur Delviniotis, le juge et le capitaine passaient quelquefois des journées entières autour de la belle convalescente. Elle les retenait avec joie, sans se rendre compte du motif secret qui la faisait agir. Déjà elle commençait à éviter les occasions d’être seule avec son mari. Autant l’amour déclaré fuit les