Page:About - Germaine.djvu/203

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il m’aurait fait un mauvais parti ; ces maris marins sont capables de tout. Les cartes m’ont souvent prédit que je mourrais de mort violente : c’est que les cartes connaissaient M. Chermidy. Il m’aurait tordu le cou tôt ou tard, et il aurait dansé à mon enterrement. C’est moi qui ris, qui danse et qui dis des folies : je suis dans le cas de légitime défense !

C’est une bonne histoire, allez ! que celle de cette mort. On n’a jamais vu chinoiserie pareille, et je la mettrai sur mon étagère. Tous mes amis sont venus hier m’apporter leurs compliments de condoléance. Ils s’étaient fait des figures de deuil ; mais je leur ai conté l’événement, et je les ai égayés en un tour de main. Nous avons ri, sans débrider, jusqu’à minuit et demi.

Figurez-vous, mon cher docteur, que la Naïade s’était embossée devant Ky-Tcheou. Je n’ai jamais pu trouver l’endroit sur la carte, et j’en suis au désespoir. Les géographes d’aujourd’hui sont des êtres bien incomplets. Ky-Tcheou doit être au sud de la presqu’île de Corée, sur la mer du Japon. J’ai bien trouvé Kin-Tcheou, mais c’est dans la province de Ching-King, sur le golfe Leou-Toung, dans la mer Jaune. Mettez-vous à la place d’une pauvre veuve, qui ne sait pas sous quelle latitude on l’a privée de son mari !

Quoi qu’il en soit, les magistrats de Ky-Tcheou, ou Kin-Tcheou, à l’embouchure de la rivière Li-