Page:About - Germaine.djvu/205

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que les missionnaires avaient été parfaitement égorgés huit jours avant l’arrivée de la Naïade. On entendit plus de vingt témoins qui certifièrent le fait. Mon Chermidy remit son uniforme, débarqua ses hommes, retourna à la prison et enfonça les portes, malgré les gestes des missionnaires qui lui faisaient de grands bras pour le renvoyer au navire. Il trouva dans le cachot deux figures de cire, modelées avec une perfection chinoise : c’étaient les missionnaires qu’on lui avait montrés la veille.

Mon mari entra dans une belle colère. Il ne souffre pas qu’on le trompe : c’est un travers que je lui ai toujours connu. Il revint à bord et jura son grand juron qu’il bombarderait la ville si les meurtriers n’étaient pas punis. Le mandarin, tremblant comme la feuille, fit sa soumission et condamna les juges à se voir scier entre deux planches. Pour le coup, mon mari n’eut rien à dire.

Mais la législation du pays permet à tout condamné à mort de fournir un remplaçant. Il y a des agences spéciales qui, moyennant cinq ou six mille francs et de belles promesses décident un pauvre diable à se laisser couper en deux. Les Chinois de la basse classe, qui grouillent pêle-mêle avec les animaux, ne tiennent pas énormément à la vie. Vous comprenez, pour ce qu’ils en font ! Ils se décident volontiers à la mener courte et bonne lorsqu’on leur offre un millier de piastres à manger