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en trois jours. Mon mari accepta les remplaçants, assista au supplice, et fit sa paix avec l’ingénieux Gou-Ly. Il poussa la clémence jusqu’à l’inviter à dîner pour le lendemain avec les magistrats qui s’étaient fait remplacer. C’était agir en bon diplomate ; car, enfin, qu’est-ce que la diplomatie ? L’art de pardonner les injures aussitôt qu’on s’en est vengé.

Gou-Ly et ses complices vinrent dîner en grande cérémonie à bord de la Naïade. Le dessert fut interrompu par un incendie magnifique : le navire flambait comme une allumette. On fit jouer les pompes en temps utile ; l’accident fut mis sur le dos d’un aide de cuisine, et l’on fit des excuses au vénérable Gou-Ly.

Vous trouvez le récit un peu long ? Patience ! nous n’avons plus longtemps à vivre. Le mandarin voulut lui rendre sa politesse ; il l’invita pour le lendemain à un de ces banquets où triomphe la prodigalité chinoise. Nous sommes de pauvres sires au prix de ces originaux-là. On a beaucoup admiré ce gentleman qui mangea à lui seul un dîner de cinq cents francs au Café de Paris : les Chinois sont bien d’une autre force ! On annonça au commandant des ragoûts saupoudrés de perles fines, des nids d’hirondelles aux langues de faisan doré, et la célèbre omelette aux œufs de paon qu’on fait sur la table en tuant chaque femelle pour lui arracher son œuf. Mon Chermidy, simple comme un aviron,