Page:About - Germaine.djvu/236

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On vit alors combien la jeune femme était chère à tous ceux qui l’entouraient. Pendant huit jours les amis de la maison campèrent autour d’elle, couchant où ils pouvaient, mangeant ce qu’ils trouvaient, occupés de la malade et nullement d’eux-mêmes. Les deux médecins étaient enchaînés au chevet de Germaine. Le capitaine Brétignières ne pouvait tenir en place ; il arpentait le jardin et la maison ; on n’entendait partout que le pas saccadé de sa jambe de bois. M. Stevens abandonna ses affaires, son tribunal et ses habitudes. Mme de Vitré se fit infirmière sous les ordres de la comtesse. Les deux Dandolo couraient matin et soir à la ville pour chercher des médecins qui ne savaient que dire, et des médicaments dont on ne faisait rien. Le peuple des environs était dans l’anxiété ; les nouvelles de Germaine se colportaient matin et soir dans tous les petits châteaux du voisinage. De tous côtés affluaient les remèdes de famille, les panacées secrètes qui se transmettent de père en fils.

Don Diego et Gaston de Vitré avaient dans leur douleur une singulière ressemblance. Vous auriez dit les deux frères de la mourante. L’un et l’autre vivaient à l’écart, assis sous un arbre ou sur le sable de la mer, plongé dans une stupeur sèche et sans larmes. Si le comte avait eu le loisir d’être jaloux, il l’aurait été du désespoir jaloux de cet enfant. Mais chacun des assistants était trop occupé du