Page:About - Germaine.djvu/237

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danger de Germaine pour observer la physionomie du voisin. Mme de Vitré seule jetait de temps en temps un regard d’anxiété sur son fils, et bientôt elle courait au lit de Germaine, comme si un instinct secret lui avait dit que c’était travailler au salut de Gaston.

La douairière de Villanera était terrible à voir. Cette grande femme noire, sale et décoiffée, laissait pendre ses cheveux sous un bonnet en guenilles. Elle ne pleurait pas plus que son fils, mais on lisait un poëme de douleur dans ses grands yeux hagards. Elle ne parlait à personne, elle ne voyait personne, elle permettait à ses hôtes de se faire les honneurs de la maison. Tout son être était acharné au salut de Germaine ; toute son âme luttait contre le danger présent avec une volonté de fer. Jamais le génie du bien n’a emprunté une figure plus farouche et plus terrible. On lisait sur son visage un dévouement furieux, une amitié crispée, une tendresse exaspérée. Ce n’était ni une femme ni une garde-malade, mais un démon femelle qui se colletait avec la mort.

Mais la figure de Mathieu Mantoux s’épanouissait doucement au soleil. Comme tous les maîtres se disputaient la besogne des domestiques, ce bon domestique s’adjugeait les loisirs d’un maître. Il s’informait tous les matins de la santé de Germaine, uniquement pour savoir s’il n’aurait pas bientôt