Page:About - Germaine.djvu/247

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— Et vous, reprit-elle impudemment, vous vous réjouissiez bien de sa vie ! Qui est-ce qui prenait soin de m’apporter de ses nouvelles ? Qui est-ce qui venait me dire en face : elle va mieux ? Qui est-ce qui me forçait de lire ses lettres et celles du docteur Le Bris ? Voici tantôt huit mois que vous m’assassinez de sa santé : c’est bien le moins que vous me donniez un quart d’heure pour me régaler de sa mort.

— Mais, Honorine, vous êtes une femme horrible !

— Je sais ce que je suis. Si votre fille avait vécu, comme j’en ai été menacée, on ne se serait pas caché de moi. On se serait promené tous les jours au Bois, avec don Diego, avec mon fils, et j’aurais vu cela de ma voiture ! On aurait eu un hôtel à Paris, et je me serais morfondue devant la porte ! On aurait mis sur ses cartes de visite le nom de Villanera qui est à moi : je l’ai, parbleu ! bien gagné. Et vous ne voulez pas que je prenne ma revanche !

— Mais vous aimez donc encore M. de Villanera ?

— Pauvre duc ! vous croyez qu’on oublie du jour au lendemain un homme comme don Diego ! Vous pensez qu’on met au monde un enfant comme mon fils, qui est né marquis, pour en faire cadeau à une poitrinaire ! Vous admettez que j’aie demandé à Dieu pendant trois ans la mort de mon mari, moi