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Page:About - Germaine.djvu/264

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du regard limpide d’un enfant. Les êtres les plus pervertis éprouvent un respect involontaire devant cet âge sacré, et plus auguste même que la vieillesse. La vieillesse est comme une eau reposée qui a laissé tomber au fond toutes les impuretés de la vie ; l’enfance est une source échappée de la montagne : on l’agite sans la troubler, parce qu’elle est pure jusqu’au fond. Les vieillards ont la science des biens et des maux ; l’ignorance des enfants est comme la neige sans tache de la Jungfrau, que nulle empreinte n’a souillée, pas même l’empreinte du pied d’un oiseau.

Mme Chermidy conçut, caressa, débattit et repoussa l’idée d’un crime en fermant son ombrelle et en saluant Germaine, qui ne la connaissait pas.

Germaine l’accueillit avec cette grâce épanouie et cette ouverture de cœur qui n’appartient qu’aux heureux du monde. La visite d’une inconnue n’avait pas lieu de la surprendre. Elle recevait presque tous les jours quelques bonnes gens du voisinage qui s’étaient intéressés à sa guérison et qui venaient se réjouir avec elle de sa santé. La veuve entra en propos par un bégayement confus qui se ressentait du tumulte de ses pensées.

« Madame, lui dit-elle, vous ne devez pas vous attendre… je ne m’attendais pas moi-même… Si j’avais su… Madame, j’arrive de Paris. M. votre