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Page:About - Germaine.djvu/269

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de lui : il est bon ; il m’aime comme une sœur ; il m’aimera bientôt comme une femme. Mais je ne veux pas que son cœur soit déchiré entre le passé et l’avenir. Il serait odieux de le condamner à choisir entre nous. D’ailleurs, vous voyez bien que son choix est fait, puisqu’il ne vous écrit plus.

— Enfant ! Tu n’as pas appris l’amour, au milieu de tes tisanes. Tu ne sais pas l’empire que nous prenons sur un homme à force de le rendre heureux ! Tu n’as pas vu quels fils d’or, plus fins et plus serrés que ceux de l’araignée, nous tissons autour de son cœur ! Je ne suis pas venue sans armes pour te déclarer la guerre. J’apporte avec moi le souvenir de trois années de passion satisfaite et jamais assouvie. Libre à toi d’opposer à tout cela tes baisers fraternels et tes caresses de pensionnaire ! Tu crois peut-être avoir éteint le feu que j’ai allumé ? Attends que j’aie soufflé dessus, et tu verras un bel incendie !

— Vous ne lui parlerez pas ! S’il était assez faible pour consentir à cette fatale entrevue, sa mère et moi nous saurions l’en empêcher.

— Je me soucie bien de sa mère ! J’ai des droits sur lui, moi aussi, et je les ferai valoir.

— Je ne sais pas quels droits peut avoir une femme qui s’est conduite comme vous, mais je sais que l’Église et la loi m’ont donné le comte de Villanera le jour où elles m’ont donnée à lui.