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à ces créatures célestes qui n’ont aucune des beautés ni des imperfections de la femme.

Elle s’assit familièrement au bord du lit, passa le bras droit autour du cou de son père, tendit sa main gauche à la duchesse et l’attira doucement auprès d’elle. Puis elle montra la chaise à M. Le Bris, et lui dit : « Mettez-vous là, docteur, pour que la famille soit au complet. Je ne me repens pas d’avoir écouté aux portes. J’avais bien peur de n’être plus bonne à grand’chose : votre discussion m’a appris que je pouvais faire un peu de bien ici-bas. Vous êtes témoins que je ne regrettais point la vie, et que j’en avais fait mon deuil depuis plus de six mois. Aussi bien ce monde est une triste demeure pour ceux qui ne peuvent pas respirer sans souffrir. Mon seul regret était de léguer à mes parents un avenir de douleurs et de misères : me voilà tranquille à présent. J’épouserai le comte de Villanera, et j’adopterai l’enfant de cette dame. Merci, cher docteur ; c’est vous qui nous sauvez. Grâce à vous, l’inconduite de ces gens-là rendra l’aisance à mon excellent père, et la vie à la noble femme que voici. Moi, je ne mourrai pas inutile. Il me restait pour tout bien le souvenir d’une vie pure ; un pauvre petit nom sans tache, comme le voile d’une communiante. Je donne cela à mes parents. Maman, je vous prie de ne point hocher la tête. On ne désobéit pas aux malades. N’est-ce pas, docteur ?