Page:About - Germaine.djvu/50

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comme mon bonheur et ma jeunesse : je veux pouvoir l’attacher sur son cercueil.

— Ta ! ta ! ta ! cria le duc ; voilà bien les femmes ! Vous êtes malade, madame, et ce n’est pas la fleur d’oranger qui vous guérira.

— Quant à moi !… » dit-elle. Son regard acheva la phrase, et le duc lui-même la comprit.

« C’est ça ! dit-il ; à votre aise ! mourez tous ensemble ! Et qu’est-ce que je deviendrai, moi ?

— Vous deviendrez riche, mon bon père, » dit Germaine en ouvrant la porte de la salle à manger.

La duchesse se leva comme par ressort et courut à sa fille. Mais Germaine n’avait pas besoin d’être soutenue. Elle embrassa sa mère et s’avança jusqu’au lit d’un pas ferme et résolu, le pas des martyrs.

Elle était vêtue de blanc, comme Pauline au cinquième acte de Polyeucte. Un pâle rayon du soleil de janvier tombait sur son front et lui faisait une auréole. Sa figure sans couleur était comme une page effacée, où l’on ne voyait briller que deux grands yeux noirs. Une masse de cheveux d’or, fins et touffus, s’entassait sur sa tête. Les beaux cheveux sont la dernière parure des phthisiques ; ils la gardent jusqu’à la fin, et on l’enterre avec eux. Ses mains transparentes tombaient le long du corps avec les plis de la draperie. Telle était la maigreur de toute sa personne, qu’elle ressemblait