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Page:About - Germaine.djvu/91

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ne viendra me réveiller : ils m’ont mise ici pour mourir. » Une grande pendule de Boule marquait les heures sur la cheminée. Les coups secs du balancier, la régularité inflexible du mouvement, lui donnèrent sur les nerfs : elle pria la comtesse d’arrêter sa pendule. Mais bientôt le silence lui parut plus redoutable que le bruit : elle fit rendre la vie à l’innocente machine.

Vers le matin, la fatigue fut plus forte que tous les soucis. Germaine laissa tomber ses paupières appesanties. Elle se réveilla presque aussitôt, et vit avec terreur que ses mains étaient croisées sur sa poitrine. Elle savait que c’est dans cette posture qu’on ensevelit les morts. Elle jeta hors des couvertures ses petits bras décharnés, et se cramponna au bois de lit comme à la vie. La comtesse s’empara de sa main droite, la baisa doucement et la garda sur ses genoux. Alors seulement la malade entra dans son repos et sommeilla jusqu’au jour. Elle rêva que la comtesse se tenait à sa droite avec des ailes blanches et une figure angélique. Elle voyait à sa gauche une autre femme dont il lui fut impossible de reconnaître la figure. Tout ce qu’elle en distingua, c’est un voile de guipure noire, deux grandes ailes de cachemire et des griffes de diamants. Le comte marchait d’un pas agité ; il allait d’une femme à l’autre, et chacune des deux lui parlait à l’oreille. Enfin le ciel s’ouvrit ; il en descendit un