Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/112

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aidé de M. Martout, l’assit sur un canapé et réclama quelques instants de vrai silence. Mme Renault fit demander sur ces entrefaites s’il lui était permis d’entrer ; on l’admit.

« Madame et messieurs, dit le docteur Nibor, la vie se manifestera dans quelques minutes. Il se peut que les muscles agissent les premiers et que leur action soit convulsive, n’étant pas encore réglée par l’influence du système nerveux. Je dois vous prévenir de ce fait, pour que, le cas échéant, vous ne soyez point effrayés. Madame, qui est mère, devra s’en étonner moins que personne ; elle a ressenti au quatrième mois de la grossesse l’effet de ces mouvements irréguliers qui vont peut-être se produire en grand. J’espère bien, au reste, que les premières contractions spontanées se produiront dans les fibres du cœur. C’est ce qui arrive chez l’embryon, où les mouvements rhythmiques du cœur précèdent les actes nerveux. »

Il se remit à exercer des pressions méthodiques sur le bas de la poitrine, stimulant la peau des mains, entr’ouvrant les paupières, explorant le pouls, auscultant la région du cœur.

L’attention des spectateurs fut un instant détournée par un tumulte extérieur. Un bataillon du 23e passait, musique en tête, dans la rue de la Faisanderie. Tandis que les cuivres de M. Sax ébranlaient les fenêtres de la maison, une rougeur subite empourpra