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Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/116

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et dit à la vieille dame en adoucissant le ton de sa voix :

« Voyons, la mère, faut-il expédier ces trois-là comme les autres ?

— Gardez-vous en bien s’écria la bonne dame. Mon mari et mon fils, monsieur. Et M. le docteur Nibor, qui vous a rendu la vie.

— En ce cas, honneur à eux, la mère ! Fougas n’a jamais forfait aux lois de la reconnaissance et de l’hospitalité. Quant à vous, mon Esculape, touchez là ! »

Au même instant il s’aperçut que dix à douze curieux s’étaient hissés du trottoir de la rue jusqu’aux fenêtres du laboratoire. Il marcha droit à eux et ouvrit avec une précipitation qui les fit sauter dans la foule.

« Peuple ! dit-il, j’ai culbuté une centaine de pandours qui ne respectaient ni le sexe ni la faiblesse. Ceux qui ne seront pas contents, je m’appelle le colonel Fougas, du 23e. Et vive l’empereur ! »

Un mélange confus d’applaudissements, de cris, de rires et de gros mots répondit à cette allocution bizarre. Léon Renault se hâta de sortir pour porter des excuses à tous ceux à qui l’on en devait. Il invita quelques amis à dîner le soir même avec le terrible colonel, et surtout il n’oublia pas d’envoyer un exprès à Clémentine.

Fougas, après avoir parlé au peuple, se retourna