Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/159

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c’est de la superstition, c’est le diable si vous voulez ; ce n’est pas de l’amour !

— Nous verrons bien, après six mois de mariage.

— Mais, s’écria Léon Renault, avez-vous le droit de disposer de vous-même ? Il y a une autre Clémentine, la vraie ; elle vous a tout sacrifié ; vous êtes engagé d’honneur envers elle ; le colonel Fougas est-il sourd à la voix de l’honneur ?

— Te moques-tu ?… Que moi, j’épouse une femme de soixante-quatre ans ?

— Vous le devez ! sinon pour elle, au moins pour votre fils.

— Mon fils est grand garçon ; il a quarante-six ans, il n’a plus besoin de mon appui.

— Il a besoin de votre nom.

— Je l’adopterai.

— La loi s’y oppose ! Vous n’êtes pas âgé de cinquante ans, et il n’a pas quinze ans de moins que vous, au contraire !

— Eh bien ! je le légitimerai en épousant la jeune Clémentine !

— Comment voulez-vous qu’elle reconnaisse un enfant qui a plus du double de son âge ?

— Mais alors je ne peux pas le reconnaître non plus, et je n’ai pas besoin d’épouser la vieille ! D’ailleurs, je suis bien bon de me casser la tête pour un fils qui est peut-être mort… que dis-je ? il n’est peut-être pas venu à terme ! J’aime et je suis aimé,