— Ô mon bienfaiteur ! sache comprendre et pardonner ! À Dieu ne plaise que j’épouse Clémence malgré toi, malgré elle. C’est d’elle et de toi-même que je veux l’obtenir. Songe qu’elle m’est chère, non pas depuis quatre ans comme à toi, mais depuis tout près d’un demi-siècle. Considère que je suis seul ici bas, et que son doux visage est mon unique consolation. Toi qui m’as donné la vie, me défends-tu de vivre heureux ? Ne m’as-tu rappelé au monde que pour me livrer à la douleur ?… Tigre ! reprends-moi donc le jour que tu m’as rendu, si tu ne veux pas que je le consacre à l’adorable Clémentine !
— Parbleu ! mon cher, vous êtes superbe ! Il faut que l’habitude des conquêtes vous ait totalement faussé l’esprit. Mon chapeau est à votre tête, vous le prenez, soit ! Mais parce que ma future vous rappelle vaguement une demoiselle de Nancy, il faudra que je vous la cède ? Halte-là !
— Ami, je te rendrai ton chapeau dès que tu m’en auras acheté un neuf, mais ne me demande pas de renoncer à Clémentine. Sais-tu d’abord si elle renoncerait à moi ?
— J’en suis sûr !
— Elle m’aime.
— Vous êtes fou !
— Tu l’as vue à mes pieds.
— Qu’importe ? C’est de la peur, c’est du respect,