Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/163

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liers quatre à quatre. Une chandelle brûlait au seuil de la chambre. Léon la prit et poussa la porte entr’ouverte.

Faut-il vous l’avouer ? l’espérance et la joie lui parlaient plus haut que la crainte. Il se croyait déjà débarrassé du colonel. Mais le spectacle qui s’offrit à ses yeux détourna brusquement le cours de ses idées, et cet amoureux inconsolable se mit à rire comme un fou. Un bruit de coups de pied, de coups de poing et de soufflets ; un groupe informe roulant sur le parquet dans les convulsions d’une lutte désespérée ; voilà tout ce qu’il put voir et entendre au premier abord. Bientôt Fougas, éclairé par la lueur rougeâtre de la chandelle, s’aperçut qu’il luttait avec Gothon comme Jacob avec l’ange, et rentra confus et piteux dans son lit.

Le colonel s’était endormi sur l’histoire de Napoléon sans éteindre sa bougie. Gothon, après avoir terminé son service, aperçut de la lumière sous la porte. Elle se souvint de ce pauvre Baptiste qui gémissait peut-être en purgatoire pour s’être laissé tomber du haut d’un toit. Espérant que Fougas pourrait lui donner des nouvelles de son amouroux, elle frappa plusieurs fois, d’abord doucement, puis beaucoup plus fort. Le silence du colonel et la bougie allumée firent comprendre à la servante qu’il y avait péril en la demeure. Le feu pouvait gagner les rideaux et de là toute la maison. Elle déposa donc