Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/167

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Voici comment le beau Fougas avait employé sa journée.

À dix heures du matin, les deux plus jeunes capitaines du 23e vinrent le prendre en cérémonie pour le conduire à la maison du colonel. M. Rollon habitait un petit palais de l’époque impériale. Une plaque de marbre, incrustée au-dessus de la porte cochère, portait encore les mots : Ministère des finances. Souvenir du temps glorieux où la cour de Napoléon suivait le maître à Fontainebleau !

Le colonel Rollon, le lieutenant-colonel, le gros major, les trois chefs de bataillon, le chirurgien-major, et dix à douze officiers attendaient en plein air l’arrivée de l’illustre revenant. Le drapeau était debout au milieu de la cour, sous la garde du porte-enseigne et d’un peloton de sous-officiers choisis pour cet honneur. La musique du régiment occupait le fond du tableau, à l’entrée du jardin. Huit faisceaux d’armes, improvisés le matin même par les armuriers du corps, embellissaient les murs et les grilles. Une compagnie de grenadiers, l’arme au pied, attendait.

À l’entrée de Fougas, la musique joua le fameux : Partant pour la Syrie ; les grenadiers présentèrent les armes ; les tambours battirent aux champs ; les sous-officiers et les soldats crièrent : « Vive le colonel Fougas ! » les officiers se portèrent en masse vers le doyen de leur régiment. Tout cela n’était ni