Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/208

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« S. Exc. le maréchal duc de Solferino a eu l’honneur de présenter hier à S. M. l’Empereur un héros du premier Empire, M. le colonel Fougas, qu’un événement presque miraculeux, déjà mentionné dans un rapport à l’Académie des sciences, vient de rendre à son pays. »

Voilà l’entre-filets ; voici le fait divers :

« Un fou, le quatrième de la semaine, mais celui-ci de la plus dangereuse espèce, s’est présenté hier au guichet de l’Échelle. Affublé d’un costume grotesque, l’œil en feu, le chapeau sur l’oreille, et tutoyant les personnes les plus respectables avec une grossièreté inouïe, il a voulu-forcer la consigne et s’introduire, Dieu sait dans quelle intention, jusqu’à la personne du Souverain. À travers ses propos incohérents, on distinguait les mots de « bravoure, colonne Vendôme, fidélité, l’horloge du temps, les tablettes de l’histoire. » Arrêté par un agent du service de sûreté et conduit chez le commissaire de la section des Tuileries, il fut reconnu pour le même individu qui, la veille, à l’Opéra, avait troublé par les cris les plus inconvenants la représentation de Charles VI. Après les constatations d’usage, il fut dirigé sur l’hospice de Charenton. Mais à la hauteur de la porte Saint-Martin, profitant d’un embarras de voitures et de la force herculéenne dont il est doué, il s’arracha des mains de son gardien, le terrassa, le battit, s’élança d’un bond sur le boulevard et se