Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/221

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Vingt minutes plus tard, le millionnaire était dans sa maison et se frottait joyeusement la face contre les angles aigus de sa femme. Il n’osa lui conter ses visions, car Mme Meiser était un esprit fort en son genre. C’est elle qui lui parla de Fougas.

« Il m’est arrivé toute une histoire, lui dit-elle. Croirais-tu que la police nous écrit de Berlin pour demander si notre oncle nous a laissé une momie, et à quelle époque, et combien de temps nous l’avons gardée, et ce que nous en avons fait ? J’ai répondu la vérité, ajoutant que ce colonel Fougas était en si mauvais état et tellement détérioré par les mites, que nous l’avions vendu comme un chiffon. Qu’est-ce que la police a donc à voir dans nos affaires ? »

Meiser poussa un profond soupir.

« Parlons argent, reprit la dame. Le gouverneur de la Banque est venu me voir. Le million que tu lui as demandé pour demain est prêt ; on le délivrera sur ta signature. Il paraît qu’ils ont eu beaucoup de peine à se procurer la somme en écus ; si tu avais voulu du papier sur Vienne ou sur Paris, tu les aurais mis à leur aise. Mais enfin, ils ont fait ce que tu as désiré. Pas d’autres nouvelles, sinon que Schmidt, le marchand, s’est tué. Il avait une échéance de dix mille thalers, et pas moitié de la somme dans sa caisse. Il est venu me demander de l’argent ; j’ai offert dix mille thalers à vingt-cinq, payables à quatre-vingt-dix jours, avec première