Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/242

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tous les cœurs bien nés est celle de l’amour paternel ! »

Pour préparer son cher enfant à la joie d’un retour si peu attendu, il mit son million sous enveloppe à l’adresse de M. Victor Langevin, avec une longue lettre qui se terminait ainsi :

« La bénédiction d’un père est plus précieuse que tout l’or du monde !                     Victor Fougas. »

La trahison de Clémentine Pichon froissa légèrement son amour-propre ; mais il en fut bientôt consolé.

« Au moins, pensait-il, je ne serai pas forcé d’épouser une vieille femme quand il y en a une jeune à Fontainebleau qui m’attend. Et puis mon fils a un nom et même un nom très-présentable. Fougas est beaucoup mieux, mais Langevin n’est pas mal. »

Il débarqua le 2 septembre à six heures du soir dans cette belle grande ville un peu triste, qui est le Versailles de la Lorraine. Son cœur battait à tout rompre. Pour se donner des forces, il dîna bien. Le maître de l’hôtel, interrogé au dessert, lui fournit les meilleurs renseignements sur M. Victor Langevin : un homme encore jeune, marié depuis six ans, père d’un garçon et d’une fille, estimé dans le pays et bien dans ses affaires.

« J’en étais sûr, » dit Fougas.

Il se versa rasade d’un certain kirsch de la forêt Noire qui lui parut délicieux avec des macarons.