n’y aurait pas d’indiscrétion à pousser une pointe jusqu’à la maison de Mlle Sambucco.
En effet, la respectable tante, matinale comme on l’est en province, était déjà sortie pour aller à l’église, et Clémentine jardinait auprès de la maison. Elle courut au-devant de son fiancé, sans penser à jeter le petit râteau qu’elle tenait à la main ; elle lui tendit avec le plus joli sourire du monde ses belles joues roses, un peu moites, animées par la douce chaleur du plaisir et du travail.
« Vous ne m’en voulez pas ? lui dit-elle. J’ai été bien ridicule hier soir ; aussi ma tante m’a grondée ! Et j’ai oublié de prendre les belles choses que vous m’aviez rapportées de chez les sauvages ! Ce n’est pas par mépris au moins. Je suis si heureuse de voir que vous avez toujours pensé à moi comme je pensais à vous ! J’aurais pu les envoyer chercher aujourd’hui, mais je m’en suis bien gardée. Mon cœur me disait que vous viendriez vous-même.
— Votre cœur me connaît, ma chère Clémentine.
— Ce serait assez malheureux, si l’on ne connaissait pas son propriétaire.
— Que vous êtes bonne, et que je vous aime !
— Oh ! moi aussi, mon cher Léon, je vous aime bien ! »
Elle appuya le râteau contre un arbre et se pendit au bras de son futur mari avec cette grâce