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Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/75

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ouverture aux deux bouts de ma cloche ovale et d’y sceller une épaisse glace, qui me permettait de suivre de l’œil les effets du vide sur M. le colonel. Je m’étais bien gardé de fermer les fenêtres de mon laboratoire, de peur qu’une température trop élevée ne fît cesser la léthargie du sujet ou ne déterminât quelque altération des humeurs. Si le dégel était survenu, c’en était fait de mon expérience. Mais le thermomètre se maintint durant plusieurs jours entre 6 et 8 degrés au-dessous de zéro, et je fus assez heureux pour voir le sommeil léthargique se prolonger, sans avoir à craindre la congélation des tissus.

Je commençai par pratiquer le vide avec une extrême lenteur, de crainte que les gaz dissous dans le sang, devenus libres par la différence de leur tension avec celle de l’air raréfié, ne vinssent à se dégager dans les vaisseaux et à déterminer la mort immédiate. Je surveillais en outre à chaque instant les effets du vide sur les gaz de l’intestin, car en se dilatant intérieurement à mesure que la pression de l’air diminuait autour du corps, ils auraient pu amener des désordres graves. La longue conservation des tissus n’en eût pas été affectée, mais il suffisait d’une lésion intérieure pour déterminer la mort après quelques heures de réviviscence. C’est ce qu’on observe assez souvent chez les animaux desséchés sans précaution.