À plusieurs reprises, un gonflement trop rapide de l’abdomen vint me mettre en garde contre le danger que je redoutais et je fus obligé de laisser rentrer un peu d’air sous la cloche. Enfin la cessation de tous les phénomènes de cet ordre me prouva que les gaz avaient disparu par exosmose ou avaient été expulsés par la contraction spontanée des viscères. Ce ne fut qu’à la fin du premier jour que je pus renoncer à ces précautions minutieuses et porter le vide un peu plus loin.
Le lendemain 13, je poussai le vide à ce point que le baromètre descendit à cinq millimètres. Comme il n’était survenu aucun changement dans la position du corps ni des membres, j’étais sûr que nulle convulsion ne s’était produite. M. le colonel arrivait à se dessécher, à devenir immobile, à cesser de pouvoir exécuter les actes de la vie sans que la mort fût survenue ni que la possibilité du retour de l’action eût cessé. Sa vie était suspendue, non éteinte !
Je pompais chaque fois qu’un excédant de vapeur d’eau faisait monter le baromètre. Dans la journée du 14, la porte de mon laboratoire fut littéralement enfoncée par M. le général russe comte Trollohub, envoyé du quartier général. Cet honorable officier était accouru en toute hâte pour empêcher l’exécution de M. le colonel et le conduire en présence du commandant en chef. Je lui confessai