Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/77

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loyalement ce que j’avais fait sous l’inspiration de ma conscience ; je lui montrai le corps à travers un des œils-de-bœuf de la machine pneumatique ; je lui dis que j’étais heureux d’avoir conservé un homme qui pouvait fournir des renseignements utiles aux libérateurs de mon pays, et j’offris de le ressusciter à mes frais si l’on me promettait de respecter sa vie et sa liberté. M. le général comte Trollohub, homme distingué sans contredit, mais d’une instruction exclusivement militaire, crut que je ne parlais pas sérieusement. Il sortit en me jetant la porte au nez et en me traitant de vieux fou.

Je me remis à pomper et je maintins le vide à une pression de 3 à 5 millimètres pendant l’espace de trois mois. Je savais par expérience que les animaux peuvent revivre après avoir été soumis au vide sec et à froid pendant quatre-vingts jours.

Le 12 février 1814, ayant observé que, depuis un mois, il n’était survenu aucune modification dans l’affaissement des chairs, je résolus de soumettre M. le colonel à une autre série d’épreuves, afin d’assurer une conservation plus parfaite par une complète dessiccation. Je laissai rentrer l’air par le robinet destiné à cet usage, puis ayant enlevé la cloche, je procédai à la suite de mon expérience.

Le corps ne pesait plus que quarante-six livres ; je l’avais donc presque réduit au tiers de son poids primitif. Il faut tenir compte de ce que les vête-