Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/118

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aqueducs au bénéfice de leurs champs ; ou bien, il faut payer deux drachmes cinquante lepta par jour à un Maltais qui tire l’eau du puits.

Les arbres ont souvent besoin d’être renouvelés ; la chaleur les décime régulièrement tous les étés : on dirait qu’ils sont sujets aux fièvres comme les hommes.

Le propriétaire doit cultiver son jardin lui-même, ou le faire cultiver par des journaliers, car il ne faut pas compter sur les domestiques de la maison. L’un dit : « Je suis valet de chambre, et non pas jardinier ; » l’autre : « Vous m’avez pris pour nettoyer vos chibouks et non pas vos allées ; » un autre ne se plaint pas, mais saccage si habilement tout ce qu’il touche, qu’on lui défend bientôt de toucher à rien.

Mais la possession d’un jardin est un plaisir qui console de bien des ennuis. Depuis le commencement de janvier jusqu’au milieu de mai, heureux qui peut vivre dans son jardin ! Si l’on a pris soin d’élever, contre le vent du nord, une barrière de grands cyprès, on peut, neuf jours sur dix, se promener à l’abri du froid. Les citronniers ouvrent, dès les premiers jours de l’année, leurs gros boutons d’un blanc violacé ; les poivriers, semblables à des saules pleureurs qui ne perdraient pas leurs feuilles, laissent pleuvoir au hasard leurs longues branches ; les pins, les arbousiers, les lentisques et vingt autres espèces d’arbres résineux offrent aux yeux une verdure douce et sérieuse dont on ne se fatigue jamais. Les ficoïdes forment çà et là de gros tapis verts ; les cactus trapus, accroupis dans les coins ou rangés en haies, amoncellent confusément leurs raquettes épineuses. Les