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LA GRÈCE CONTEMPORAINE.

successivement dévasté. Ces gros arbres au tronc noueux, au pâle et maigre feuillage, sont la seule verdure qu’on aperçoive en hiver dans la plaine d’Athènes. En été, le paysage n’est pas beaucoup plus gai : les figuiers ont beau étaler leurs feuilles larges et puissantes  ; la vigne, qui rampe à quelques pieds de terre, a beau se charger de feuillage et de fruits : une poussière épaisse, que le vent enlève en gros tourbillons, revêt tous les objets d’une teinte uniforme et donne à la fertilité même un air désolé. C’est au printemps qu’il faut voir l’Attique dans tout son éclat, quand les anémones, aussi hautes que les tulipes de nos jardins, confondent et varient leurs brillantes couleurs  ; quand les abeilles descendues de l’Hymette bourdonnent dans les asphodèles  ; quand les grives babillent dans les oliviers  ; quand le jeune feuillage n’a pas encore reçu une couche de poussière  ; que l’herbe, qui doit disparaître à la fin de mai, s’élève verte et drue partout où elle trouve un peu de terre  ; et que les grandes orges, mêlées de fleurs, ondoient sous la brise de la mer. Une lumière blanche et éclatante illumine la terre, et fait concevoir à l’imagination cette lumière divine dont les héros sont vêtus dans les champs Élysées. L’air est si pur et si transparent qu’il semble qu’on n’ait qu’à étendre la main pour toucher les montagnes les plus éloignées  ; il transmet si fidèlement tous les sons, qu’on entend la clochette de troupeaux qui passent à une demi-lieue, et le cri des grands aigles qui se perdent dans l’immensité du ciel.