Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/130

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croyais avoir attaché solidement au pommeau de ma selle. Je m’orientai comme je pus, le soleil aidant, et je marchai, chancelant un peu, du côté où devaient être nos gens. Je n’avais pas fait vingt pas que je vis accourir Leftéri, qui me demanda des nouvelles de ses chevaux. Je répondis qu’ils n’avaient pas la rate malade, et qu’ils couraient au-devant de Calamaki. Le pauvre garçon galopa à leur poursuite. Après lui arriva Garnier, sain et sauf. Son cheval, mis en demeure d’opter entre un succès d’amour-propre et un fossé de dix pieds, avait pris le bon parti. Curzon demandait à tous les buissons ses papiers et ses dessins perdus, et les agoyates s’accusaient l’un l’autre d’avoir causé tout le mal.

En arrivant à Calamaki, nous trouvâmes Leftéri au milieu de ses chevaux : les aimables bêtes étaient arrivées, toujours au galop, jusqu’aux premières maisons du village, où l’on avait pu les arrêter fort heureusement, car, du train dont elles allaient, elles auraient pu faire le tour de la Morée et revenir à leur écurie.

Les Grecs appellent le cheval Alogon, c’est-à-dire animal par excellence. Alogon veut dire aussi déraisonnable, et cette traduction ne me déplaît pas. « Pierre, va seller mon déraisonnable ! Attelle les déraisonnables, Nicolas ! »

Dans le temps où M. Piscatory habitait son petit palais de Patissia, un jeune diplomate français, à qui il donnait l’hospitalité, descendit un matin dans la cour, aperçut un déraisonnable qui semblait très-raisonnable, et l’enfourcha par pure curiosité, sans songer qu’il n’était pas en habit de cheval. Le dérai-